Ric, c'est un peu comme si Maverick dans Top Gun et Roger Rabbit avaient eu un gosse, puis l'avaient bercé trop près du mur. De l'un, il a gagné la tronche de smiley humain, le sourire Colgate ravageur, la gouaille, une inébranlable assurance et, il faut bien le dire, quelque talent à manipuler son manche. De l'autre, il a hérité un humour catastrophique et petit côté absolument insupportable, du genre à s'attitrer le rôle de punching-ball officiel de l'escadron, et qui pousserait les moines des lamasseries les plus reculées du Tibet à se mettre à mordre les murs.
Ça doit être un sacré bordel dans sa tête, à ce garçon-là. Fin diplomate, plein de subtilité et sérieux comme un pape quand ça lui plait, il est pourtant capable de plomber l'ambiance plus vite que son ombre d'une blague navrante millimétrée. Technicien du combat à distance, du MICA IR délivré à des kilomètres sur une cible qui ne se doute de rien, il ne résiste pourtant jamais à l'envie d'enrouler avec un MiG de passage évidemment plus agile que lui. Un instant plein d'élégance, il sombre la seconde d'après dans la barbarie, certains Griffons allant jusqu'à affirmer l'avoir vu voler en F-4 Phantom...
Pour lui faire plaisir, l'escadron tout entier lui a fait croire qu'il était chef pendant plusieurs années ; en échange, lui nous concoctait de petites missions dont il est le seul à avoir le secret. Personne n'est jamais revenu des objectifs qu'il nous assignait, à tel point que ce n'est que depuis peu qu'on a découvert que l'éjection en territoire ennemi n'était pas une fatalité.
Ric lui-même n'a pas encore accepté cet état de fait et est toujours le premier à se jeter au front, instillant la terreur dans les rangs adverses aux commandes de sa pelle à tarte à réaction préférée.
Il y a longtemps, Ric fondait cet asile de fous. Les Griffons ont depuis bien grandi, et lui encore plus avec eux, même s'il aime bien faire croire le contraire. Alors pour tout ça, ben les Griffons lui tirent quand même unaniment leur chapeau.